BELMONDO L'INCORRIGIBLE by Tessier Bertrand

Auteur:Tessier, Bertrand
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-10-17T16:00:00+00:00

Le film fini, Belmondo se laisse convaincre, malgré ses réticences, de le présenter en compétition officielle lors du Festival de Cannes. N’est-ce pas un magnifique tremplin pour présenter une œuvre de prestige comme celle-ci ?

Sur la Croisette, tout commence bien : la montée des marches, à l’ancien palais, qui n’a pas encore été démoli, est une jolie cohue, les appareils photo crépitent dans tous les sens, mais la descente s’effectue sous les… sifflets !

D’un côté, il y a ceux qui pensent que Resnais s’est trahi en tournant avec Belmondo, de l’autre ceux qui estiment que Belmondo doit se cantonner dans les films destinés au plus grand nombre, sans parler de ceux qui estiment que Belmondo a voulu s’acheter une image à bon compte aux dépens d’Alain Resnais. D’aucuns reprochent au film de ne pas être assez politique, d’autres le trouvent trop sérieux, bref tout le monde a quelque chose à redire. Il y en a même pour mettre en cause le jeu de Belmondo : il aurait rendu le personnage trop sympathique – mais existe-t-il des escrocs antipathiques ? Pour mistoufler son monde, la qualité première n’est-elle pas, justement, d’être diablement sympathique ?

À l’époque, les uns voulaient voir un Resnais, les autres un Belmondo, le film n’était ni l’un ni l’autre, mais les deux à la fois – le fruit d’une véritable collaboration. Avec le temps, les passions se sont calmées : tous les observateurs s’accordent désormais à considérer le film comme l’un des meilleurs de son auteur et de son interprète. Sur la longueur, Jean-Paul se rattrapera financièrement : il assure d’ailleurs ne pas avoir perdu d’argent.

N’empêche, l’hallali qui accueillit Stavisky est symptomatique. Le film de Resnais a été un prétexte pour se « payer » Belmondo. Pour une fois que l’acteur avait besoin de la critique, puisqu’il s’aventurait dans un cinéma moins grand public, la critique ne l’a pas raté.

Dès lors, le fossé entre la presse et Belmondo ne va cesser de se creuser.

En France, on ne supporte pas les numéros un.

Une attitude qui va lui valoir une sale déconvenue.

— C’est alors qu’on a commencé à colporter sur moi les rumeurs les plus dégueulasses… au sens propre, si on peut dire, n’hésitera-t-il pas à raconter au magazine Première en 1995. J’avais une copine Juanita qui tenait un petit bordel. Elle me confie un jour : « Je suis contente parce que mes filles me disent que t’es un garçon sain. » Je lui demande pourquoi : « Ben parce qu’on m’avait dit que tu fais des trucs scato. » C’est parti de là. J’ai pas pris ça au sérieux. Je me suis dit : « Il y en a une que j’ai loupée et qui se plaint. » Mais ça m’a suivi. Et ça fait vingt-cinq ans que ça dure. Il fallait bien que l’on me trouve quelque chose : je ne me drogue pas et je ne suis pas de la roupane.

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